Je peins depuis plus de soixante ans, passant d’une technique à l’autre, de la peinture à l’huile à l’aquarelle, de la tempera au collage.

Thierry de Villers est né à Moere (Fl. occ.) le 20 août 1914.
Peintre, aquarelliste, pastelliste, auteur de collages
et de peintures murales monumentales.

Sa formation

Cercle l’Effort : Croquis, de 1932 à 1934.
Académie d’Etterbeek : Dessin, cours du soir de 1935 à 1937.
Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles :
    Cours supérieurs de peinture de 1937 à 1939.
La Cambre (Institut supérieur des Arts décoratifs) à Bruxelles :
    Peinture monumentale de 1941 à 1943.
Académie d’Ixelles : Dessin, cours du soir en 1944 et 1945.


Aimant fabriquer moi-même mes couleurs, j’avoue avoir un goût particulier pour la tempera.  Préparer mon émulsion de blancs et de jaunes d’œufs mélangés à d’autres liants, manipuler les pigments de toutes les nuances de l’arc-en-ciel est mon plaisir, celui du bon cuisinier.  Mais un cuisinier sans recettes, chaque toile est une aventure.

Passant d’une technique à l’autre, il s’est pleinement accompli dans l’abstraction lyrique, révélant de rares dons de coloriste et de poète de la touche libre et légère avec un art toujours plus fluide, nuancé et subtil.

Libre de déployer, à travers ses formes abstraites, une succession de déchirures et d’éclosions, l’artiste a également gardé le contact avec la réalité environnante par le dessin d’après nature, qui reste pour lui un grand plaisir, sinon un besoin.


J’ai débuté comme peintre figuratif mais, vers la quarantaine, je suis passé insensiblement à des formes plus construites ou plus allusives. Ainsi voulais-je y introduire une autre forme de vie faite d’échanges entre les lignes, de rencontres de formes et de jeux de couleurs.

Je m’assigne pour tâche, après un premier temps où j’ai lâché en liberté les traits et les formes, de les conduire progressivement vers un équilibre et l’unité de l’ensemble. Les couleurs sont écloses, qu’elles aillent l’une vers l’autre, qu’elles s’assortissent comme les gens qui s’aiment. L’abstraction ne date pas d’hier, je m’y sens comme un poisson dans l’eau. Libéré de la représentation, la peinture devient pour moi la musique de l’espace. 

Thierry de Villers

« Le 5 mai 2002, Thierry de Villers s’en est allé.
Il y a quelques mois, la Fondation pour l’Art belge contemporain lui consacrait une rétrospective et ce nous fut une belle occasion pour rappeler la remarquable constance d’un artiste qui avait passé sa vie à parfaire une écriture plastique tout entière dévolue à l’affirmation non seulement d’un vrai bonheur de peindre, mais aussi à celle de cette joie des couleurs qui l’animait.  D’une jeunesse d’esprit et de cœur jamais prise en défaut, de Villers sut ainsi auréoler son art de cette sagesse, qui fut, en ses dernières années, un enchantement pour ceux qui avaient la chance de le rencontrer. »

Roger Pierre TURINE
LE SOIR, 7 mai 2002